Fukushima, la vague et le Mont
Vanessa Simon Catelin - 2013
Onze mars deux mille onze
Fukushima mon amour
Passée sous silence
I
Mouvement sismique,
Pas de deux en tectonique,
Fuck U. Shima danse…
La vague Hokusaï,
Inéluctable, cravache
Les morts à leur fête.
Le monstre tapi,
Caprice des fous, dévore
Tout en grand silence.
Sous les cicatrices
Les hommes mutent, les corps migrent
La tête en exil.
Boues rouges de mars,
Rondes des vies à bascule,
Le temps raccourcit.
II
Ils tombent, se relèvent.
Les enfants morts à venir
Ne sont encore nés.
Au début défunt,
Entre les lignes les corbeaux
Passent – transhumance.
Les yeux dans la vague
Les hommes masqués, blousés
Se dé-bequerellent.
La mémoire à vif,
Les poissons tournent-ils rond,
Heureux dans l’oubli ?
En haute tension
L’enfant n’a plus de sommeil.
Dans sa tête un bourdon.
III
Les mensonges assassinent,
Crédules, rebelles, indomptables…
Entrailles au printemps.
Au cou des damnés
S’accrochent les dosimètres :
La vie, à un fil.
Les hommes s’effeuillent,
Soleil levant sur le Mont,
Juste après le glas.
Pétale à pétale
A tue-tête, elles se sont tues
Les têtes tombées.
L’enfant désiré,
Né d’un monstre affamé, meurt.
D’un trop grand silence.
IV
Envers du décor:
Les bourgeons des cerisiers
Préfèrent se pendre.
Ma fille lézardée,
Un tsunami veille en creux.
Tu le portes en toi.
Un myosotis
A poussé, ne m’oublie pas,
Sous les cheminées.
Forêt de Ginkgo
– Souffle le temps dans les branches –
Dressée sur les tombes.
Tout va sous le vent.
Qui se plaint? A l’invisible,
Les hommes sourient…